3e prix - Anthony Karkan
En face de moi un homme couché, je le regarde, je sens qu'il a quelque chose à me raconter. Je vois que sa vie a changée, son regard pesant sur moi me fait penser que sa vie est comme une plaie ouverte. Tout chez lui est plus marqué : sa façon de marcher, sa façon de dormir, sa façon de parler, ses manières de bouger et de prendre des choses, sa manière de me regarder. Je l'observais depuis plusieurs jours comme si ses moments de vies étaient sincèrement exécutés sur scène dans sa niche, mais aujourd'hui, cet échange visuel, intense mais court, me donne envie d'aller plus loin: de voir et d'écouter ses cicatrices.
Texte thématique :
L'interstice est par définition un espace ayant le potentiel, pendant une période, de créer la relation entre de nombreux éléments différents, par un processus ne menant pas à l'unité ou l'uniformisation d'un tout. Les espaces interstitiels/les sans domicile fixe, tous différents, ayant chacun leurs cicatrices et leurs histoires, ont cette particularité commune d'être mis en marge du reste de la ville/société. Définis comme espace/humain en discontinuité, il s'inscrit dans un schéma différent de celui conçu par l'urbanisme/société conventionnel. L’interstice/le sans domicile fixe en opposition avec l'environnement global/société, échappe aux diverses règles et poursuit son développement indépendamment de celles-ci. Tous ces espaces interstitiels/sans domicile fixe font entièrement partie du tissu de l'espace urbain/société sans pour autant être reconnu comme l'un de ses composants.
Souvent abandonnés mais rarement inhabités, les interstices appartiennent aux sans domicile fixe qui sont ainsi l'allégorie anthropologique du concept d'interstice architectural.